20
heures - Dimanche 4 mai 2008 : Exaltation et retrouvailles autour d’un repas, non loin de
l’Olympia.
Lundi 5 mai 2008 :
Au N°5 de la rue Crespin de Gast, un pèlerinage s’imposait. Le rendez-vous était pris pour 14 Heures 30. 7 personnes, 3
nationalités. Monsieur Moustaki n’est-il pas citoyen du monde ? Toujours
est-il, nous étions en avance. Mais l’audace de Pascual
nous encouragea à monter les escaliers. Quelques étages et nous débouchâmes sur
les deux pièces dédiées. Vision hétéroclite et étonnante. Du sol au plafond,
des objets disparates et entassés. Je pensais y trouver une âme ou une chaleur,
j’y ai découvert une collection de faïence. De toute beauté, mais tellement
imprévisible. J’avais du mal à imaginer Georges Moustaki au milieu de toutes
ces assiettes, même en Gien !!!! Et d’ailleurs, je n’y arrive toujours
pas. Autre déroute. Tin me montra un minuscule cadre, au fond d’un recoin.
Inaccessible à la vue. Il est vrai que ce jour là, notre Georges n’avait pas de
photo sur lui, et donc il laissa en souvenir un minuscule auto portrait !
Peut-être est-ce là, la raison d’être de cet isolement ?
Toujours lundi 5 mai 2008 : Promenade dans le quartier de l’opéra,
à proximité du lieu mythique. Sur les portes vitrées des bars, les
affichettes annonçant Georges Moustaki fleurissent. Deux dates : 5 et 6
mai.
20 Heures 30 : le
spectacle.
22 Heures : Fin de soirée au
bar d’en face. Le groupe s’est agrandi. Maintenant nous sommes neuf. Deux
lyonnaises en plus ! De très beaux échanges sur la soirée
passée. Mais échanges un peu perturbés par le défilé incessant des
semi-remorques provenant des USA. Six au total. Et vous
Monsieur Moustaki, combien de camions utilisez-vous ? J’ai oublié de les compter.
Minuit passé : Les adieux, un taxi hélé et retour à notre hôtel
dans le XV°.
17 Heures – Mardi 6 mai 2008 : Un hôtel dans une petite rue
calme, loin du balai des fourgons des CRS et de la police. Une très belle
rencontre dont je veux me souvenir longtemps. De la délicatesse, de la
discrétion, de l’émotion et de la sensibilité. Une conversation qui a tourné
autour de notre maître et autour d’une chanson « Les mères juives ».
Conversation à la fois personnelle et retenue, à la fois de communion et de partage.
J’ai compris beaucoup de choses. Merci Célina. Très bonne route.
Point de
lassitude.
Relater et consigner des émotions n’est
pas chose facile. Les exposer je ne peux m’y résoudre. Elles sont du domaine du privé. Cependant, il est certain que si je
persiste à aller écouter, à aller voir Georges Moustaki, c’est essentiellement
pour retrouver ces agitations et ces bouleversements qui tournent en moi.
Point de lassitude, tout en ne sachant jamais ce qui m’attire, et ce qui me
fascine vraiment. Mais je sais que j’aperçois, que je devine, et que je reçois
toujours cette secousse merveilleuse et différente à chaque fois, lorsque sa
musique conjointe aux mots se métamorphose en une sensibilité poétique et
touchante. A ce moment là, le spectacle est un tout étourdissant. Mais dans
cette totalité, qui devrait m’être homogène et familière, invariablement j’y
découvre de l’ignoré, peut-être de l’oublié, et j’en suis encore surprise.
Ainsi une chanson, à vrai dire la cinquième, perçue dans la crispation des
fois, maintes fois, peut le temps d’un concert ou d’une bluette enfin constatée
devenir presque possible. Mais elle peut aussi, le temps d’un nouveau concert
tel l’Olympia, en un tour de mot qui ne devrait pas être « dans l’air du
temps », me redevenir indésirable et alors elle me bouleverse.
De l’émotion, il y en a eu lundi soir.
Comment ne pas parler des Frères Ferré. Dès la première chanson Quand j’étais un voyou Elios et Boulou étaient à la guitare pour
accompagner notre chanteur. Et en fin de spectacle, en retrait, à proximité du
piano Boulou était toujours là, pour la chanson Milord.
Il y a eu Célina. Sans doute un premier
pas hésitant sur la scène mythique. Elle paraissait si fragile à son
entrée ! Mais l’espace d’une chanson réponse, Lettre à Monsieur Moustaki, la crainte
fut vite dissipée.
Il y a eu le maître… Feuille blanche à la main, qui
devint quelques instants, élève studieux et appliqué. C’est une image qui s’est
enfouie au plus vite dans ma mémoire. C’est une image à la fois séduisante et
étonnante que je veux enfermer délicatement. C’est aussi une évocation, qui a
amusé et égayé Célina.
Et il y a eu la chanson Les mères juives qui
devint sur la scène de l’Olympia, une chanson réponse à la chanson
réponse… Allez comprendre quelque chose
dans tous ces retournements !
Il y a eu Cali en mouvement. Il y a eu Cali dans le geste final, sublime et
tendre effacement derrière le maître.
Et il y a eu Georges Moustaki dans l’émotion, dans le sensible et dans
l’esthétique.
Merci pour les frissons, pour le trouble, pour le plaisir et pour la poésie de
cette soirée si accoutumée et si singulière.